Les maladies cardiaques du chien

Ce que nous dit le dossier n°57 des Bons Maîtres de Mars 2007.

(Je n'aborderai dans cet article que le cas du chien).

Les maladies du coeur ont toujours été considérées comme des maladies particulières car difficiles à explorer, traiter et opérer.
Si les signes cliniques ont été et restent des éléments déterminants pour détecter et soigner les maladies cardiaques, des examens complémentaires ne nécessitant ni anesthésie ni tranquillisation ont considérablement facilité l'abord du chien cardiaque.
Les chiens peuvent souffrir de maladies cardiaques mais contrairement aux humains, des cas rarissimes d'infarctus sont rapportés. Le propriétaire doit être attentif à repérer les signes pouvant témoigner d'une cardiopathie chez son animal pour que le vétérinaire mette en place dès que possible un traitement visant à éviter l'évolution de la maladie vers une insuffisance cardiaque.


Fonctionnement du coeur

Le coeur est une double pompe constituée d'un muscle - le myocarde - recouvert à l'extérieur par une enveloppe - le péricarde - et à l'intérieur tapissé par une autre enveloppe, l'endocarde.
Les replis de l'endocarde forment des clapets anti-retour, les valves. Coeur gauche et coeur droit sont indépendants mais leurs phases de contraction-décontraction sont simultanées.



Lors de la phase de décontraction, le sang "rouge", oxygéné dans les poumons, arrive dans l'oreillette gauche (OG) par l'intermédiaire des veines pulmonaires (VP). La valve mitrale qui sépare oreillette et ventricule gauche est largement ouverte et le sang remplit le ventricule gauche. La valve aortique qui se situe entre le ventricule gauche et l'aorte (Ao) est fermée ce qui empêche le sang de couler vers l'aorte. Parallèlement, le coeur droit connaît un remplissage analogue : le sang "bleu" chargé en gaz carbonique revient des tissus par les veines caves (VC). Il pénètre dans l'oreillette droite (OD) puis le ventricule droit (VD) car la valve tricuspide est ouverte. Il ne peut "s'échapper" dans l'artère pulmonaire (Ap) puisque la valve pulmonaire est fermée.



Le muscle cardiaque se contracte, les valves mitrales et tricuspides se ferment et les valves aortique et pulmonaire séparant coeur et gros vaisseaux s'ouvrent. Le coeur gauche éjecte le sang dans l'aorte et tout le réseau artériel qui nourrit les tissus. Grâce à la fermeture des valves mitrales, il ne reflue pas vers l'oreillette gauche, les veines pulmonaires et le poumon.
A droite, la contraction cardiaque pousse le sang dans l'artère pulmonaire, gros vaisseau acheminant le sang aux poumons où il sera oxygéné. La fermeture des valves tricuspides empêchent le reflux vers l'oreillette droite.
Après le passage de l'ondée sanguine, valves aortiques et pulmonaires se ferment alors que les mitrales et tricuspides s'ouvrent à nouveau.
Un petit courant électrique du nom de "pace maker" et issu de cellules cardiaques parcourt le coeur avant chaque contraction. Son fonctionnement est automatique et régulé par le système neuro-végétatif en fonction des sollicitations extérieures de l'organisme. Ainsi, lors d'un effort ou d'une émotion intense on observe une accélération des contractions ou au contraire un ralentissement lors du sommeil.

Toute altération :
  • des valves cardiaques (mauvaise ouverture ou fermeture),
  • du muscle cardiaque (chute de la contractilité),
  • des chambres cardiaques (dilatation ou réduction),
  • de l'enveloppe cardiaque (présence anormale de liquide),
  • du tissu assurant le courant électrique précédant la contraction
conduit à une diminution du débit sanguin éjecté vers la circulation et à une stase du sang en amont du coeur.

Cardiopathies congénitales et acquises

Il existe deux types de maladies cardiaques :
  1. Les maladies cardiaques congénitales regroupent les anomalies cardiovasculaires apparues à la naissance. Elles sont le plus souvent mise en évidence grâce à l'auscultation d'un souffle (turbulence dans l'écoulement du sang dans le coeur), puis confirmées et caractérisées par examen échocardiographique.
  2. Les maladies cardiaques acquises sont plus fréquentes et assez différentes de celles décrites chez les humains. En effet les affections de type "infarctus" sont quasiment inconnues chez le chien. Lorsqu'un vaisseau coronaire se bouche, les carnivores voient leur vascularisation réaliser des "pontages" naturels, sans intervention du chirurgien.
D'autres affections sont en revanche plus courantes : il s'agit soit de maladies dégénératives valvulaires, soit de maladies dégénératives musculaires.
  • L'endocardiose mitrale
    Elle atteint principalement les chiens de petite taille de 7 à 8 ans. La valve mitrale (et à un degré moindre la valve tricuspide) s'épaissit progressivement, se déforme et ne se ferme plus correctement. Il en résulte une fuite sanguine à l'origine d'un souffle. Cette maladie valvulaire est bien supportée plusieurs mois, voire plusieurs années.
    • Les affections myocardiques
    Elles dominent chez les chiens de grande race (cardiomyopathie dilatée) et sont susceptibles de se manifester à tout âge et de provoquer la survenue rapide de fatigue anormale, de troubles respiratoires (toux, essoufflement), de ballonnement abdominal. Le muscle cardiaque s'amincit brutalement et devient incapable de pousser le sang dans la circulation.
    • Les troubles du rythme cardiaque
    Ils constituent une classe de maladies difficiles à combattre du fait de leur caractère transitoire et des conséquences irréversibles (décès brutal) qu'ils peuvent avoir.
    De nombreuses autres affections diverses existent comme l'épanchement péricardique, la tumeur cardiaque, les maladies parasitaires, l'hypertension artérielle ou pulmonaire...

    L'insuffisance respiratoire
    • Définition
    Toutes les maladies cardiaques ou cardiopathies réduisent la quantité de sang éjectée par le coeur dans l'aorte et/ou dans la veine pulmonaire. Elles favorisent aussi l'accumulation (stase) du sang avant le coeur. Il en résulte une mauvaise circulation dans les tissus qui ne sont plus oxygénés ni nourris comme ils devraient l'être.
    Dans un premier temps le système neuro-endocrinnien permet à l'organisme d'entretenir un débit sanguin suffisant pour ses besoins. Cette période peut être plus ou moins longue selon la sévérité de la maladie cardiaque et la sensibilité de chaque animal ou son exercice.
    Lorsque l'organisme ne peut plus pallier à la chute de débit sanguin, lorsque les besoins circulatoires ne sont plus assurés dans les conditions normales, le chien devient "insuffisant cardiaque".
    • Les signes
    Lorsque l'insuffisance cardiaque concerne le coeur gauche, la fatigue à l'effort devient de plus en plus marquée et les signes respiratoires dominent (toux, essoufflement). Ces signes résultent de la stase en amont du coeur gauche provoquant un oedème pulmonaire.
    Lorsque l'insuffisance concerne le coeur droit, elle se manifeste surtout par un épanchement abdominal (ascite) ou éventuellement thoracique.
    • Le diagnostic
    Il comporte deux étapes : le diagnostic de la maladie cardiaque au sens strict et celui de ses conséquences, c'est à dire de l'insuffisance cardiaque.
    Les renseignements apportés par le propriétaire et les auscultations cardiaque et pulmonaire permettent de choisir l'examen complémentaire le plus utile comme la radiographie; l'échocardiographie, l'électrocardiographie ou l'examen Holter (étude de l'activité électrique sur 24heures).


    Chien en cours d'examen d'électrocardiographie

    Traitement des maladies cardiaques

    Il est encore rarement possible de guérir définitivement une cardiopathie. La chirurgie permet de réduire quelques malformations mais les traitements visent à ralentir l'évolution vers l'insuffisance cardiaque et son aggravation.
    Le coeur travaillant plus lors d'efforts, l'exercice intense et long est à proscrire tout comme l'obésité qui réduit la capacité respiratoire.
    L'alimentation sera bien adaptée ainsi que l'apport en sel qui favorise les oedèmes et on veillera à assurer la très bonne qualité des protéines-glucides-lipides afin de faciliter le métabolisme défaillant des "grands cardiaques".

    Le traitement est généralement par voie orale chaque jour pendant plusieurs mois ou années.
    Les principaux médicaments utilisés sont des vasodilatateurs, des inodilatateurs, des diurétiques, des antiarythmiques...
    Certains acides aminés (carnitine) peuvent figurer dans la composition d'aliments destinés aux cardiaques.




    Depuis 20 ans, le diagnostic en cardiologie a fait d'immense progrès grâce à la démocratisation de l'échocardiographie. La thérapeutique a également beaucoup évolué. Les années à venir verront un grand nombre de cardiopathies évitées grâce à une meilleure compréhension de leur physiopathologie et surtout de leur mode de transmission.

    Nota bene : cet article a été réalisé à l'aide de tout ou partie des textes et photos publiés dans le dossier "Des Bons Maîtres" n°57 de Mars 2007 distribué par les vétérinaires.